Il est clair que la réglementation précédente sur les ouvertures dans les toits etait anachronique et déraisonnable. Toutefois, même avec ces modifications le règlement reste encore inutilement sévère et pénalisant pour l’intérêt général.
Les nouvelles règles de constructions sont assouplies, mais continuent de pénaliser inutilement les gens qui habitent en zone d’ancienne localité, alors que ce sont justement eux qui préservent le patrimoine historique. Leurs faire confiance en laissant plus de latitude pour moderniser et rendre efficients leurs logements serait au contraire la meilleure garantie que l’essentiel du patrimoine historique soit transmis dans le temps.
Il serait utile de se rappeler que ce patrimoine architectural si apprécié a été bâti dans les siècles en absence de toute réglementation. Il est le reflet de l’évolution continue des techniques, des modes de vie et des goûts. Est-il si difficile d’accepter que ces évolutions continuent, et même s’accélèrent, dans notre temps ? Pourquoi alors vouloir figer tout comme dans un musée ?
Aucun de nos bâtiments anciens n’a l’aspect d’origine. Tous ont été adaptés, modifiés durant les siècles. L’utile a été préservé, le meilleur a été introduit. C’est cela qui fait la valeur d’un patrimoine vivant. Sans besoin de règlements aussi stricts.
Si au moins nos immeubles étaient classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais ce n’est pas le cas, quasiment tous les bâtiments anciens de Saint-Blaise sont classés avec des notes de qualité historique ou architectural plutôt moyenne. Ce qui n’enlève rien à leur valeur et importance pour notre cadre et qualité de vie.
Il faudrait donc peut-être aussi rester un peu modestes. On fait tout un plat de restrictions excessives pour des bâtiments qui sont classés « d’intérêt probable » pour ceux qui ont la note plus élevée, ou avec « des qualités d’une construction courante », ou encore « possédant un intérêt difficile à évaluer » pour les autres.
Venant au détail du rapport de l’urbaniste-conseil, on est surpris par une certaine superficialité. Quand on y trouve des affirmations importantes, elles ne sont étayées par aucun chiffre, comme: « … l’occupation des combles ne représente qu’une densification marginale ». On aimerait savoir sur quelles données cette affirmation serait basée.
Il y a aussi une prescription curieuse, qui impose que : « La réalisation d’ouvertures en toitures ne doit impliquer aucune modification de la structure primaire de la charpente ». Cette prescription équivaudrait dans de nombreux cas à interdire la meilleure utilisation de ces volumes. Elle pourrait aussi être dangereuse. En effet nous sommes en zone sismique, sujette dans le passé de très forts tremblements de terre, que la mémoire collective a oublié.
En conclusion, au nom d’arbitraires critères esthétiques décidés par des soi-disant experts, on pénalise l’adaptation du cadre urbain à la modernité, à la sécurité et à une meilleure qualité de vie des résidents. Et ceci serait voté par un pouvoir politique représentatif de personnes qui, en grande majorité, ne sont pas concernées par ces inconvénients, puisqu’elles habitent dans des bâtiments plus modernes, avec terrasses, balcons, vérandas. Et toute sorte d’ouvertures pour amener la lumière et chaleur qu’ils prétendent interdire aux anciens logements au nom d’un sens de l’identité culturel bien curieux : à nous la belle vue, aux autres les inconvénients.
Mais pensez-vous vraiment qu’avec des velux sur 20% d’une toiture ancienne plutôt que 10%, en pénaliserait si gravement l’esthétique ?
Pensez-vous vraiment que modifier des structures et charpentes non visibles depuis l’extérieur soit préjudiciable à la préservation du patrimoine ?
Lorenzo Zago – Conseiller général de L’Entente