POUR PROGRESSER ENSEMBLE

Intervention pour une baisse d’impôt limitée à 2017

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Je pourrais ici vous apporter pleins d’arguments rationnels en faveur de l’urgence et l’importance de cette proposition.  Par exemple souligner que les ressources pour ce geste ne manquent pas, comme le montre bien le bilan de la commune qu’on vient d’approuver.

Je pourrais aussi souligner que ce qui est proposé est une action modeste, modérée et équilibrée, qui veut respecter au mieux tous les intérêts légitimes exprimés par notre société civile.

Mais je crains que ce type d’arguments ne suffise pas à faire accepter par une majorité d’abord la clause d’urgence, ensuite la proposition.  Manifestement il doit y avoir une autre “rationalité” qui domine votre pensée.  Je me permets de paraphraser : ici la politique a des raisons que ma raison ne connaît pas.  Mais quelles seraient donc ces raisons – me suis-je demandé ?

Finalement, en cherchant et dialoguant, je pense avoir trouvé une ébauche de réponse dans une petite phrase du rapport du Conseil communal, aussi reprise dans l’article sur les comptes de Saint-Blaise dans le dernier BulCom : “la situation désastreuse dans laquelle se trouve le canton de Neuchâtel”.

Là je me suis dit : ah bon, est-ce-que moi, vous, l’ensemble du canton et de sa population sommes dans une situation désastreuse ?   Moi, je n’ai pas cette impression.  Bien entendu, tout n’est pas rose pour tous et certes nous ne vivons pas dans un monde idéal.  Mais l’économie tourne assez bien et notre canton reste un des plus riches de Suisse en termes de PIB par habitant.  Il y a bien une fiscalité exagérée, mais tant bien que mal on supporte …  Donc où serait-elle la situation désastreuse ?  Puis j’ai compris.  Ce n’est pas le canton au sens propre dont on qualifie la situation de désastreuse, mais seulement son système de gestion publique.  Mais pourquoi donc cette confusion sémantique ?

A mon avis, parce que ceux qui décrivent ainsi la situation du “canton”, ont un horizon qui est totalement limité aux contours de la scène qui tourne autour du système politique et public neuchâtelois.  Pour ces personnes, le canton s’arrête à ce contour.

Pour ces personnes, le canton va mal, parce que la gestion publique va mal.
Et pourquoi va-t-elle mal ?

Parce que fondamentalement, de leur point de vue, il n’y a pas assez de sous.  Et pourquoi la gestion publique n’a-t-elle pas assez de sous alors qu’elle coûte déjà plus pour les mêmes prestations que dans les autres cantons ?  Parce qu’elle rechigne à faire des choix devant les conflits d’intérêt au sein du système politico-économique qui vit par elle et autour d’elle.  Ce serait tellement plus simple d’avoir assez de sous pour tout le monde, n’est-ce pas ?

On est dans une logique qui ferait sembler progressiste l’avare de Molière.  Dans cette logique peu importe que notre commune fasse un ou trois millions de bénéfice.   Il faut toujours faire des réserves !  On en aura besoin !
Depuis l’intérieur du système, cela semble une évidence, n’est-ce pas ?

Sauf que, vu depuis l’extérieur, cela est de plus en plus absurde.  Et il y a alors une fracture qui est en train de se créer entre le système de gestion publique et la société civile.  Une fracture à la fois économique, sociale, philosophique et morale, entre ceux dont une part significative des revenus dépend de décisions et choix politiques, et les gens normaux qui doivent se battre tous les jours dans une économie compétitive et globalisée pour gagner leur vie.  Entre ceux qui défendent parfois des privilèges, souvent des monopoles profitables, et en général un régime stable et protégé, et ceux qui sont exposés à la concurrence, avec peu de protections, dont les emplois et les salaires varient au gré des cycles économiques.

Et nous, ici et en ce moment, nous voulons exprimer une proposition qui soit un geste de respect et reconnaissance envers ces gens qui sont la majorité, grâce à qui la vraie situation du canton n’est pas si désastreuse que vous le dites.  Une société civile qui ne veut plus se voir systématiquement subordonner à ce que je ne peux m’empêcher de définir comme l’avidité d’une partie du système de gestion publique.

Ainsi nous allons voter pour cette proposition, que nous considérons très raisonnable et modeste.  Et cela ne nous causera aucun problème d’être dans cette assemblée, en ce moment, encore une petite minorité.
Parce que ce qui se joue maintenant est aussi une étape dans le développement d’un vrai projet progressiste et réformateur de notre gestion publique, et ce dans l’intérêt général.

Merci pour votre attention.
Lorenzo Zago, Conseiller général
8 juin 2017

L’Entente Saint-Blaisoise

L’Entente Saint-Blaisoise est un groupement de personnes ouvertes, sans a priori idéologique. Elle représente les intérêts réels et variés de notre population, pour faire progresser la qualité et l’efficacité de l’action communale.

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